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mercredi 16 avril 2014

Quels sont les nouveaux composés contre le cancer?

En 2012, le congrès américain sur le cancer (ASCO 2012) avait été marqué par la présentation de médicaments capables de "remobiliser" le système immunitaire pour qu’il s’attaque à des mélanomes, des cancers du rein ou du poumon très avancés. Cette année encore, cette nouvelle génération de molécules d’immunothérapie offre des résultats prometteurs face à diférentes tumeurs. Des données qui restent cependant préliminaires.
Chimiothérapie :
Nouvelle voie de recherche, de nombreux composés capables de mobiliser le système immunitaire contre le cancer sont présentés lors du congrès de l'Asco 2013.
Remobiliser les défenses naturelles de l’organisme contre le cancer
Face aux cellules cancéreuses, nos défenses naturelles envoient les lymphocytes T (les globules blancs qui aident aussi à lutter contre les infections). Mais après un certain temps, ces soldats de notre système immunitaire vont exprimer à leur surface une molécule appelé PD-1. Cette molécule va interagir avec une autre trouvée à la surface des cellules cancéreuses appelée PD-L1. Le hic est que la rencontre de ces molécules va rend l'armée des lymphocytes T totalement inutile.
Pour éviter cette démobilisation des lymphocytes T, il faut donc réussir à bloquer ces molécules avant leur rencontre. Les chercheurs fondent ainsi beaucoup d’espoirs sur des anticorps dirigés contre PD-1 ou PD-L1. Lors du congrès américain sur le cancer ASCO 20121, une étude concernant un anti-PD1 développé par le laboratoire Bristol-Myers Squibb avait fait l’objet de deux publications dans le New England Journal of Medicine2,3. Un anti-PDL1 développé par le même laboratoire avait également été remarquée4. Cette stratégie d’immuno-oncologie intéresse de nombreux laboratoires, comme en témoignent les très nombreuses études présentées lors du congrès 2013 de l’ASCO... et les analyses d'investisseurs économiques qui évalue le marché potentiel de ces médicaments à 35 milliards de dollars
Des effets prometteurs sur différents types de tumeursParmi ces annonces, un anti-PDL1 baptisé MPDL3280A développé par Genentech a été testé sur 140 patients atteints de tumeurs solides localement avancé ou métastatique dont la maladie avait progressé malgré les traitements antérieurs5. Injecté en intraveineuse toutes les 3 semaines, ce traitement a entraîné une réduction de la tumeur chez certains patients atteints d'un cancer non à petites cellules du poumon, d’un mélanome, d’un cancer du rein (carcinome des cellules rénales), d’un cancer colorectal et d’un cancer gastrique.
Dans le détail, 29 des 140 (21 %) patients ont connu une réduction tumorale importante, un effet observé plus fréquemment chez des patients atteints de cancer du poumon et de mélanome. L'étude est encore en cours : selon les auteurs, 26 des 29 patients continuent de répondre après 3 à 15 mois.
En analysant les tumeurs, il apparaît que les réponses thérapeutiques sont meilleures sur celles avec des niveaux élevés d'expression PD-L1 (36 % chez les patients PD-L1-positifs contre 13 % chez les patients PD-L1-négatif). Mais le rôle de "PD-L1" en tant que biomarqueur (permettant de prévoir l'efficacité du traitement en fonction de la biologie de la tumeur), les méthodes pour le mesurer, la nature des échantillons utilisés… sont autant de points qui restent à élucider. Il est difficile de savoir si un résultat négatif au test PD-L1 veut dire que les tumeurs n'en ont pas ou plutôt n'en ont pas un nombre suffisant pour que le test puisse le détecter, mais des progrès sont en cours6.
Des effets secondaires à surveiller
La sécurité de ces traitements a été évaluée sur 171 patients par les auteurs qui rapportent que 43 % ont connu des effets secondaires importants (grade 3-4), principalement une hyperglycémie (5 %), de la fatigue (4 %) et une augmentation des taux d'alanine aminotransférase (3%). Selon les auteurs, seuls 13 % de ces effets indésirables étaient attribuables au traitement (aucun décès n’était lié au traitement). Seuls 2 % (4 patients) ont expérimenté des effets indésirables liés à l’immunité et un seul patient a arrêté le traitement à cause de cela. "Nous n'avons pas vu de pneumonie de haut grade, ce qui nous rend très optimiste à propos de ce médicament, car il cible uniquement le PD-L1, et n’entraîne probablement pas certains des mécanismes liés à l’inflammation du poumon" déclare le Pr Herbst. "Nous avons vu quelques épisodes d'hépatite et d'inflammation du foie, mais vraiment, c'est un profil de toxicité très modéré".
La toxicité de certains composés d'immunothérapie (au niveau pulmonaire notamment) fait l'objet d'une attention particulière, leurs conséquences pouvant s'avérer fatales. Il faudra attendre la publication de cette étude dans une revue de référence pour avoir accès à l'ensemble de ces données.
Des résultats préliminaires qui demandent confirmation
Actuellement, cette étude a été élargie à d’autres types de tumeurs solides et de cancers du sang (275 patients sont actuellement inscrits). Au-delà de ces données préliminaires encourageantes, un essai randomisé est nécessaire pour confirmer l’activité antitumorale et l’utilité du test PD-L1. Le laboratoire Genentech conduit d'autres études de combinaison avec d’autres thérapies anti-cancéreuses (avec le vemurafenib – Zelboraf © – chez certains patients atteints de mélanome avancé7 et avec le bevacizumab – Avastin © – avec ou sans chimiothérapie dans des tumeurs solides avancés) et en monothérapie face à des cancers du poumon non à petites cellules PD-L1 positif localement avancés ou métastasés8.
"Le fait que ce médicament soit actif dans une telle variété de tumeurs suggère que PD-L1 fait partie d'un mécanisme immunitaire universel ou important. Au cours des prochaines années, des médicaments qui ciblent et aident à activer et diriger le système immunitaire vont probablement jouer un rôle croissant, et il est particulièrement intéressant de voir de tels effets chez des patients dont le cancer a progressé malgré toutes les autres thérapies standards", a déclaré le Pr Clifford A. Hudis, futur président de l’ASCO. Rappelons cependant que ces résultats encourageants restent préliminaires, ils devront être confirmés par d'autres études.